Par Jean-Pierre Calvi, petit fils de Lucie Champollion
Le contexte d’exode rural
Depuis le maximum démographique de 1846, la population du Champsaur-Valgaudemar est passée de 20875 habitants à 9649 en 1954, soit une diminution de 53,8%. Il s’agit donc d’un exode rural massif, qui est avant tout le fait d’une population agricole représentant 86,4% du total en 1886 et encore 76,1% en 1946. Cet exode est irrégulier dans le temps et dans l’espace. La courbe d’évolution de la population se scinde en deux périodes, la première de 1846 à 1891 marquée par une perte de 0,32% par an, tandis que de 1891 à 1954 la chute s’accélère avec un rythme annuel de 0,73%. Cet exode est lié aux dures conditions d’existence, sur des exploitations agricoles souvent menues dans un cadre montagnard contraignant, qui entraînent la pauvreté. Cette situation impose aux hommes valides et aux enfants dès l’âge de 13-14 ans une migration hivernale, pour gagner un peu d’argent. Ces migrations font aussi connaître à la jeunesse d’autres modes de vie et permettent de tracer les voies de l’émigration définitive.
Si en 1846 la densité de population du Champsaur-Valgaudemar apparaît faible avec 27 ha/km² en raison de vastes surfaces en landes et rochers, la densité de 133 habitants par km² cultivé est cinq fois supérieure. Les hautes vallées ont des densités par rapport à l’espace cultivable plus importantes (328 ha à la Chapelle-en-Valgaudemar) que les communes sises dans l’ample berceau champsaurin (113 à St-Laurent-du-Cros). Ces différences expliquent, en dépit de surfaces pastorales plus vastes, un exode plus fort et plus précoce dans la haute montagne, où il existe de véritables surcharges humaines sur des terroirs exigus, qui imposent même le ramassage du foin sur les communaux. À la Chapelle et à Champoléon, le maximum démographique remonte à 1831 et les pertes de population sont les plus conséquentes avec respectivement 73,9% et 69,2%.
L’émigration en Algérie
Les gens en Algérie se sont regroupés pour beaucoup par famille, par régions. Il faut savoir que certaines familles ont pris leurs billets pour les Amériques et se sont retrouvés en Algérie, comme cela s’est produit pour des Allemands, qui devaient embarquer au Havre, migrations forcées pour peupler. Une fois sur place, ils étaient là dépourvus et se sont débrouillés.
Une concession valait 5000 francs* de l’époque, un groupement en familles pouvait certainement permettre un pot commun, d’où le départ vers un espoir. Mais installation fut terrible par les maladies pour les « colons » venus chercher un rêve qui 130 ans après fut un échec cuisant. Aucune concession ne leur fut donnée sur une terre occupée par des locaux, ils achetaient, le lot de 7 hectares était attribué à une personne, l’armée leur fournissait une vache, de quoi commencer leur installation, mais le strict nécessaire et la vie commençait sous une tente des Armées et aucune spoliation d’habitant locaux.
La famille Champollion
Champollion, de Saint Jacques-en-Valgodemard et l’Allée ou le retrouve avec un seul L pour les mêmes familles, voire Champoléon le point du I confondu avec un é, d’où parfois les erreurs dans les recherches ou qui donne naissance à un autre Nom. C’est arrivé pour Champollion Valentin mort en 1916, il repose en un cimetière militaire sous le nom de Champoléon, alors que sur le monument aux morts à Saint Firmin, sauf erreur, il est nommé comme Champolion avec un L comme quoi… On s’y retrouve avec la filiation.
Ils sont partis en famille vers l’Algérie vers 1873/1874, voire un peu avant, on en retrouve la trace à Cassaigne en Oranie sur un acte de décès comme témoins de la mort de Bernou Jacques, de Saint Firmin, né le 1799 fils de Claude et de Feutier Victoire, il est décédé le 3 décembre 1874 décédé à 80 ans et avait une concession dans ce village. Les témoins Champollion Pierre et Claude sont fils, c’était en 1874.
Par la suite mon grand père Claude Pierre avec son père Claude ont dû je pense faire un retour à Saint Jacques et seul Claude Pierre est reparti en Algérie, dans les Aurès, avec d’autres Hauts Alpins. Batna vers 1874/1875, camp militaire à l’époque et commune de Corneille dès sa création en 1902. Une région de montagne au climat continental comme leurs Haute Alpes.
Certains sont repartis sur la France peut après retrouver leur montagne ou Marseille plus tard, comme cette vieille dame que j’avais rencontrée au dessus de Saint Firmin (vers 1995, elle avait cent ans), qui avait été mariée avec un Gendarme et qui se rappelait y avoir été et revenue avec une Champollion !! Qui se rappelait être partie avec eux et de mon grand père là bas…
Je trouve dans mes recherches, les Noms de Bernou, Gonsolin, Pelissier, Gras Thérése, Miaille, Champollion André 1661 et Champollion Marie 1669 dans ce pays de Valgodémard pour les plus lointains. Ce sont mes arrières grands mères.
Ils étaient certainement partis en famille pour chercher un mieux vivre.
Certains Champollion avaient fait le choix de partir pour les États Unis !! mon père en 1942 avait retrouvé un cousin Américain du nom de Champollion, il avait été détaché dans l’armée US comme mécano.
« Savoir d’où tu viens, pour savoir ou tu vas »
*Pour avoir une idée et pourquoi les départs groupés pour une concession il fallait débourser 5000 francs pour 7 hectares d’une terre qui n’était pas occupé par les locaux, soit en équivalence 5000 frcs de 1901 faisait 1 727 171 euros de 2006, une fortune, ils fuyaient la misère, je pense que la collecte était collective. Pourquoi 2006 j’ai pas trouvé le convertisseur en 2023.